« Garanti sans IA », la priorité redonnée à l’humain ?

« Garanti sans IA », comme actuellement garanti sans OGM, ce sera peut-être la mention que l’on va bientôt voir fleurir, et pour 2 raisons qui doivent nous rendre optimistes :

  • L’office américain du copyright vient de décider que la réalisation d’une IA ne pourra pas bénéficier du régime des droits d’auteurs. 
  • Plusieurs acteurs majeurs de l’IA viennent d’appeler à une pause dans le développement de l’IA pour se donner le temps et les moyens de savoir distinguer le réel de l’artificiel, le vrai du faux.

La création est le propre de l’homme

La décision de l’office américain du copyright à une portée humaniste majeure. Elle dit d’abord que la création est le propre de l’homme, que c’est l’une des choses qui le définit et qui n’appartient qu’à lui. Que la machine, si sophistiquée soit-elle, ne fait qu’assembler de l’existant quitte à le faire au prix de milliards de calculs et de combinaisons dans des milliards de documents. 

La création est un acte de liberté, jamais prévisible ni contrôlable

 Elle dit ensuite que la création est un acte de liberté, jamais prévisible ni contrôlable. Cette liberté qui caractérise l’homme quand il n’est pas aliéné, alors que la machine elle, précisément est aliénée. Une fois les instructions données (« prompt » dans le jargon de l’IA) la machine ne peut pas ne pas exécuter, ni exécuter autre chose.  Elle n’est pas un auteur, pas un sujet, juste un objet qui produit des objets. L’humanisme a toujours eu à voir avec l’art. Il permet de tisser des liens profonds entre tous les humains en faisant appel via leur sensibilité à quelque chose de commun plus large que leur propre culture et leur propre époque. C’est pourquoi il y a des œuvres classées au patrimoine mondial de l’humanité. On objectera que les artistes ne créent pas ex nihilo, que consciemment ou non ils s’inspirent et se nourrissent toujours d’autres œuvres, d’autres artistes, oui, mais toujours en homme libre, et toujours ils finissent par développer un style, un génie qui n’appartient qu’à eux et qui servira d’inspiration à d’autres. 

Affaire à suivre. L’Europe n’a pas encore pris officiellement position, ni la Chine (qui a une acception particulière du droit d’auteur) et cette décision est âprement combattue par ceux qui espéraient de belles retombées économiques de droits d’auteurs sur les productions des IA.

L’appel à la pause sur l’IA a elle aussi une portée humaniste majeure. Les acteurs de l’IA perçoivent le danger d’une créature qui leur échappe et qui risque de profondément fragiliser nos démocraties (et aussi leurs entreprises). Une démocratie (et une entreprise) repose sur la confiance durable et de principe dans un certain nombre de mécanismes (élections, impôts, lois, décisions, contrats) et vis-à-vis d’un certain nombre d’acteurs centraux (élus, fonctionnaires, journalistes, scientifiques, dirigeants). Jusqu’ici la majeure partie des infox produites avec l’aide des outils numériques ne résistaient pas à un examen rigoureux de la part des personnes compétentes sur le sujet. Avec la sophistication et la massivité des infox possibles avec les outils IA récemment créés, discerner la réalité, identifier et dénoncer les manipulations sera bientôt impossible mêmes aux experts les plus déterminés. Que faire quand je ne peux plus faire confiance à ce que j’entends, ce que je vois, ce que l’on me propose, et que mon esprit critique n’opère pas, que mon discernement reste flou ? Trois « solutions » :

  • ne rien croire et tout combattre,
  • tout croire et m’en remettre aveuglément aux pouvoirs,
  • me replier sur la plus petite sphère personnelle possible et ne faire confiance qu’à ceux qui me ressemblent. Fin de l’altérité, fin de la solidarité, fin de la liberté aussi car la liberté a également besoin de la confiance pour s’exprimer.

Garanti sans IA ? Pas si simple. J’ai soumis à Chat Gpt deux textes, l’un produit par son système et l’autre non, en demandant est-ce produit par de l’IA ? Réponse, dans les deux cas, « c’est possible ». Une IA de plus pour détecter une autre IA ? Ou mieux former les humains à utiliser leurs intelligences ?

Patrick Margron

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