Dans un contexte où nous sommes encore libres de nos choix, nous cédons trop souvent à la facilité de laisser les autres décider pour nous…
Et si cet espace ouvert dans la newsletter de Muma était l’occasion d’exercer notre libre-arbitre ?
De prendre notre temps pour écrire
De stimuler notre esprit créatif
De réfléchir, peser nos mots
D’accepter d’être là, pleinement conscients
D’hésiter quant à l’angle d’attaque de notre article
D’hésiter sur la forme: satire ou billet d’humeur?
D’hésiter et de laisser reposer
De chercher d’autres sources d’inspiration
De revisiter, d’enrichir notre écrit
Pour finalement oser produire!
J’ai finalement choisi pour ma part de m’exprimer sur un ton quelque peu subversif et d’imaginer une juridiction qui légifèrerait sur la perte de cette valeur fondamentale qu’est le libre-arbitre …
Je vous souhaite une bonne lecture en toute liberté !
Attendu que Monsieur X, dit « le Demandeur » est régulièrement muselé aussi bien dans le cadre professionnel que personnel et qu’il doit se plier au discours bien-pensant normatif et aux procédures procédurières imposées par son environnement
Attendu qu’en raison de ce discours bien-pensant, il se voit contraint à une certaine autocensure qui garantit son intégration sociale
Attendu qu’il est abreuvé en permanence de discours journalistiques, médicaux, sociétaux lui indiquant quoi dire, comment se comporter, que penser
Attendu qu’il subit depuis des années le flot des publicités écrites, radiophoniques, télévisuelles sans parler des bandeaux qui s’ouvrent de manière impromptue depuis internet et que ces dites publicités n’ont de cesse de lui dire quoi consommer en lui créant des besoins superflus
Attendu que ce phénomène a été aggravé au cours de la dernière décennie avec l’apparition des algorithmes qui lui dictent désormais quelle série regarder, comment occuper ses loisirs, vers quelle destination voyager ou encore qui rencontrer et qui aimer
Attendu qu’il est assailli à toute heure de la journée par le flot de nouvelles toutes plus catastrophiques les unes que les autres : assassinats, guerres, catastrophes naturelles, maladies, épidémies et complots en tous genres
Et qu’en outre il est assujetti au rythme effréné métro-boulot-dodo voulu par notre mode de vie occidental prétendument progressiste
De fait, Monsieur X a saisi le tribunal citoyen pour qu’on lui rende son libre-arbitre
Qu’il appartient au juge d’apprécier dans le cadre des pouvoirs qu’il tient de l’article premier des Droits Fondamentaux de l’Homme si Monsieur X est entravé dans sa volonté d’effectuer un choix par lui-même, en toute liberté, sans influence ou stimulus extérieur
Qu’à cet égard, le juge devra nécessairement évaluer si Monsieur X a encore la capacité de ressentir, de penser et d’agir par lui-même
D’où il résulte que le tribunal citoyen, après avoir jugé la requête recevable, considère que Monsieur X est sérieusement menacé dans son intégrité et sa capacité à décider et à choisir de façon autonome
Par ces motifs :
Condamne « le Défendeur » – à savoir la Société et ses représentants – à rendre à Monsieur X sa dignité par tous les moyens dictés par l’Humanisme :
En lui permettant de s’extraire de l’effervescence voulue par le système
En lui ouvrant des espaces de contemplation (de la Nature, du Beau, du Spirituel)
En lui offrant la possibilité d’aller à la rencontre de l’Autre dans une démarche de curiosité et d’ouverture
Bénédicte Boccard