L’optimisme est un courage.

Le premier courage ? Résister à ce qui dé-courage. La liste semble s’allonger chaque jour de ce qui pourrait nous inciter à baisser les bras, baisser la tête et les yeux, baisser la voix, baisser la pensée, baisser notre niveau d’exigence, pour nous-même et notre société. Cette liste c’est parfois nous-même qui la construisons, la complétons, plus que les faits eux-mêmes. Car il peut y avoir une sorte de confort à renoncer à l’action. L’optimisme c’est cette disposition de notre énergie interne qui nous fait ressentir que le bon, le bien, le raisonnable, la vérité, la justice, adviendront plus surement que leurs inverses, et en dépit des signes contraires.

« L’optimisme chevillé au corps » dit-on, et c’est bien ça, c’est d’abord corporel. Le pessimisme ambiant est notre talon d’Achille vers lequel notre société fait flèche de tout bois en permanence pour nous dire, « n’essaie pas, calme-toi, laisse les autres faire, obéis, ça ne te concerne pas ». L’optimisme peut s’entretenir, se muscler, comme nous entretenons et musclons notre corps, notre esprit. Le premier courage serait donc, en dépit de tout, en dépit de tous, de rester optimiste. L’optimisme est différent de l’espoir. L’espoir a une dimension plus intellectuelle, qui relève d’une conscience des incertitudes et des risques et fait appel à la confiance pour y arriver. L’optimisme est un élan vital, comme le courage est d’abord un élan.  

Un élan du cœur. L’étymologie de courage vient du mot cœur. En cela qu’il ne s’agit pas d’un calcul, d’un raisonnement mais de quelque chose qui au moment s’impose à nous comme la chose à faire, la conduite à tenir, malgré la conscience du risque, malgré la peur, malgré les doutes sur nos capacités. « Force d’âme devant le danger » disait la définition des anciens dictionnaires. Le courage est différent de la témérité. La témérité fait au contraire appel à la confiance en soi, à la sur-confiance en soi, au pari, à l’orgueil, elle valorise la prise de risque pour elle-même comme un défi à relever, gratuitement, ou presque. Le courage lui s’exprime face à quelque chose de plus grand que nous qui réclame notre action, notre engagement. 

Courage s’écrit avec un S. Le courage c’est souvent de parler, mais parfois c’est de se taire, le courage c’est souvent d’agir, mais parfois c’est d’attendre, le courage s’est souvent de faire un pas en avant, mais parfois c’est de rester en retrait, le courage c’est souvent de s’opposer, de désobéir, mais c’est parfois d’accepter, d’obéir. Alors comment savoir, comment prévoir ? Ce qui est certain c’est que l’on sait au fond de soi quand on n’a pas été courageux, et lorsqu’au contraire, l’autre l’a été. « j’ay libre le courage » écrivait Ronsard, pour dire  « dans son cœur, en soi-même. »

L’humanisme est un courage.

Nous ne nous transmettons pas de leçon de génération en génération, ou si peu. Le génocide organisé par l’Allemagne nazie n’a pas empêché celui perpétré par les Khmers rouges qui n’a pas retenu celui commis par les Hutus. A chaque génération tout ou presque est à recommencer pour retrouver, pour repartager, pour redéfinir ce qui fait que l’homme méritera d’être humain. L’humanisme c’est le courage de réentreprendre ce travail permanent de mettre en lumière, de donner la priorité, de donner corps à ce qui unira les hommes dans la reconnaissance de leur altérité et dans leur soif de connaissances et de justice.

Patrick Margron

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