Définir un concept d’humanisme du XXIème siècle

Au-delà des projets que nous mettons en place pour vivre l’humanisme au quotidien, il est indispensable également de travailler sur un concept d’humanisme du XXIème siècle pour en faire un terme fort et universel. C’est ce travail que nous avons amorcé avec le philosophe François Jullien et qui va se prolonger au cours des prochains mois.

Un groupe de réflexion a été créé pour y travailler. Il s’est réuni pour la première fois le 24 novembre dernier. Il réunissait des membres de MUMA autour de François Jullien, philosophe et fondateur de l’association Décoïncidences.

Après un tour de table de présentation, qui a permis de prendre conscience de la diversité des profils présents, François Jullien a pris la parole pour nous expliquer son engagement philosophique et son projet politique.

Son travail philosophique s’articule en trois temps :

  • Trouver un ailleurs de la pensée par l’histoire, la langue et l’écriture (allers-retours entre la pensée et la langue européenne et chinoise) ;
  • Réflexion sur le dialogue des cultures et sur l’universel ;
  • Pensée de l’existence avec la production de concepts existentiels (intime, inouï, incommensurable…)

Il a également forgé le concept de décoïncidences. Décoïncider c’est défaire, ouvrir un écart, créer une fissure. Décoïncider s’applique aussi bien à la pensée qu’à la vie par le déploiement de l’expérience pour ne pas rabattre. Penser c’est décoïncider ce que l’on a déjà pensé, car une idée dès qu’elle est collectivement assimilée devient coïncidente et résolument obédiente et n’est donc plus réfléchie. Vivre c’est décoïncider de ce qu’on a déjà vécu pour dégager une possibilité et vivre vraiment.

Son engagement philosophique débouche sur un projet politique. La société française est prise dans des coïncidences idéologiques. Ce qui marchait avant ne marche plus. On ne peut plus ni modéliser ni isoler du fait des interdépendances. Le progrès ne marche plus et l’avenir n’existe plus. Il devient donc nécessaire de fissurer ces coïncidences, le pouvoir, ce qui bloque pour créer des écarts et rouvrir des possibles. Les décoïncidences sont un art d’opérer, à l’œuvre et d’emblée effectives. Chacun doit fissurer là où il est !

L’HUMANISME EST UN COMBAT
Un combat jamais gagné, où nous sommes bien souvent notre meilleur ennemi

S’agissant de l’humanisme, ce n’est pas un concept. C’est un mot valise et passe-partout. Il convient de lui donner de la consistance. Une pensée élaborée de l’humanisme n’existe pas. De ce fait, une crainte nait de voir l’humanisme rester dans l’idéologie et l’opinion. Il est donc essentiel de faire de l’humanisme un concept opérant et un outil de combat sans tomber dans un humanisme coïncidant ! Là encore, la décoïncidence peut être utile et permettre d’inventer un humanisme décoïncidant !

  • Le nouvel humanisme ne doit-il pas être décoïncidant et la décoïncidence n’est-elle pas un nouvel humanisme ? 
  • Qu’est-ce que notre société rabat pour ne pas avoir à l’affronter ?
  • Qu’est-ce qui se perd à notre époque (perte de la présence) ? 
  • Quelle figure du sujet à venir (sujet inerte ou sujet alerte) ? Comment faire de l’esprit un concept de combat ? 

Le nouvel humaniste ne doit-il pas être décoïncidant et le décoïncidant n’est-il pas un nouvel humaniste ? Autant de questions qui peuvent sans nul doute rapprocher nos deux associations MUMA et Décoïncidences et offrir des pistes de recherches fructueuses communes dans l’avenir.

Alexandre Coulet

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