Eloge de l’invisibilité

Les fidèles compagnons que sont devenus nos smartphones nous rendent visibles sur la toile : parfois dans notre désir narcissique de montrer nos activités et nos exploits ou de défendre nos croyances ; mais aussi très souvent, à travers les sites que nous consultons, les propos ou images que nous postons sur les réseaux sociaux, et les « like » et autres commentaires qui dévoilent nos habitudes, nos déplacements et nos envies. Cette visibilité n’est pas sans intéresser bien sûr les compagnies commerciales qui en tirent de précieuses informations sur l’évolution de leur marché et pour diffuser des publicités personnalisées. Elle intéresse de même partis politiques ou diverses organisations pour cibler leur campagne d’attractivité, et même les services des impôts qui repèrent parfois ainsi des trains de vie dispendieux !

Alors pourquoi ne pas retrouver un peu d’invisibilité en s’éduquant à éteindre régulièrement nos chers smartphones et peut-être même aller en profiter pour explorer, comme Sylvain Tesson*, pendant quelques heures ou quelques jours les chemins noirs des cartes IGN…

Philippe DAMIER
Professeur de Neurologie 

*Sylvain Tesson, « Sur les chemins noirs » Gallimard 2016 ; disponible en livre de poche

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