« En mai, fais ce qu’il te plait » Est-ce si sûr, est-ce si simple ?

« On nous inflige des désirs qui nous affligent » constatait Alain Souchon il y a 30 ans dans « Foule sentimentale » écrite à l’occasion de Noel pour dénoncer l’hyperconsommation du moment. Et ça ne s’est pas vraiment amélioré. Au-delà des dimensions matérielles «… On nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir de l’avoir plein nos armoires, dérision de nous dérisoires… » ce qui est en question c’est la réalité et l’expression de notre libre arbitre, de notre discernement face à la désirabilité sociale de telle ou telle attitude, situation, action et, même maintenant, la désirabilité sociétale de telle ou telle prétendue « identité » voire « personnalité », plus encore que tel ou tel statut social. 

Comment identifier ce qui me plait ? Comment passer à l’action ? Cela nécessite d’interroger mes désirs, sont-ce les miens, ceux des autres, et quels autres et pourquoi, qu’est-ce qui m’appartient, qui relève de ma singularité ? Qu’est-ce qui ne dépend que de mon initiative et non de celles d’autres personnes, d’autres institutions ? Et si c’est le cas, est-ce un problème, pas forcément. Mais l’important c’est de le distinguer en toutes connaissances cause, de l’avoir choisi, d’agir et non d’être agi « à l’insu de son plein gré ». L’étymologie du mot désir renvoie à « astre », le sens est donc de quelque chose de profond, précieux, lointain, que l’on contemple, pas celui de pulsion ou de réflexe.

Prendre le risque de déplaire ? Car faire ce qui me plait, ne plait peut-être pas à l’autre, aux autres. Surtout si je ne l’exprime pas. Quel est le prix de cette liberté ? Et réciproquement suis-je prêt aussi à accepter, accompagner la liberté de l’autre dans l’expression et la réalisation de ce qui lui plait ?

L’autre n’est pas responsable de mon bonheur. Il n’y a pas de plus efficace façon d’être malheureux que d’attendre que les autres fassent notre bonheur, attendre qu’ils devinent nos besoins, nos désirs. C’est notre responsabilité d’y répondre. Et pour aller plus loin, ce n’est pas la responsabilité des autres de nous aimer, c’est la nôtre, d’apprendre à faire nous-mêmes notre bonheur en répondant à nos besoins et nos désirs, si ce sont bien les nôtres. Et tout ce qui viendra des autres en plus seront des cadeaux. Et encourager les autres à en faire de même. Et le partager.

« Fait ce en quoi tu crois ». Plus que, « fait ce qu’il te plait », parait être le principe, la discipline même, auquel s’attacher, et toute l’année, pas qu’en mai, même si le cœur du printemps est propice à réveiller notre besoin d’être vivant. Fait ce en quoi tu crois, mais en interrogeant régulièrement ce que tu crois, ce que tu sais, ce que tu désires. C’est aussi l’une des conditions de l’humanisme.

Patrick Margron

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