On y sent de la vie, de la douceur, de la naissance, de la découverte, un petit air de printemps qui chante… Mais aussi une exigence, une certaine rigueur, un devenir qui doit éclore, une loi de l’existence.
Car l’éveil est un processus qui naît avec le tout petit enfant, et s’achève au dernier souffle. Nous nous éveillons chaque jour, à l’instant qui surgit, à un monde qui croît et nous emmène avec lui, à notre conscience qui gonfle avec les ans.
Comment ne pas penser au nouveau-né qui s’éveille jour après jour à la vie ? Tout est là, présent autour de lui, mais il doit conquérir son environnement, l’intégrer, l’apprivoiser, le découvrir, le rendre sien. Et tandis qu’il y travaille et s’éveille, nous assistons, éblouis, à ses premiers sourires, aux premiers échanges, par le regard, par la voix, à ses premiers pas, à ses premiers mots…Et puis vient le temps d’un petit miracle, qui passe souvent inaperçu : L’enfant s’éveille à lui-même, il se perçoit distinctement de son environnement, et il adopte le « je » ; il se met à parler à la première personne. Ce « je » qui débarque un jour dans son langage signe un profond éveil de sa conscience.
Puis l’éveil se poursuit, au long des mois, des années. Peut-être moins visible, mais actif. Cet élargissement des perceptions, de la compréhension et de la conscience, continue jusqu’au bout de la vie.
L’éveillé fait un travail invisible, patient et profond ; il tisse sa toile et forge son existence. Et le premier acteur de ce processus, c’est bien lui. Mais il croise en chemin des éveilleurs de toutes sortes : des parents attentifs, des éducateurs engagés, des situations grandissantes, des rencontres déterminantes… Soyons des éveilleurs pour ces autres autour de nous, petits ou grands. Quelque chose de profondément humain se joue dans cette relation entre l’éveilleur et l’éveillé. Et prenons soin de nous tourner vers toutes les sources d’éveil tapies dans les recoins de nos vies. Ainsi faisant nous contribuons à humaniser le monde !
Bénédicte Boillot