Léonard de Vinci, génie de la Renaissance, incarne l’idéal humaniste par son insatiable curiosité, sa foi en la raison, et son exploration multidisciplinaire des savoirs. Profondément influencé par les valeurs humanistes qui redéfinissent l’homme comme mesure de toute chose, il place l’individu au cœur de ses recherches, qu’elles soient artistiques, scientifiques ou philosophiques. Pour Léonard, comprendre le corps humain, ses proportions, ses fonctions, c’est aussi s’approcher de la perfection divine — d’où son étude minutieuse de l’anatomie et son célèbre Homme de Vitruve, symbole du lien entre l’homme et l’harmonie universelle.
Mais son humanisme ne saurait être dissocié de son rapport intime à la nature. Observateur infatigable du monde vivant, Léonard contemple la nature non comme un simple décor, mais comme une force vivante et intelligente. Il la dissèque, la dessine, l’imite, persuadé que ses lois doivent présider à celles de l’art et de la science.
Son étude des fluides, par exemple, le mène à concevoir des analogies entre le courant d’un fleuve et la circulation sanguine. Il note dans ses carnets des observations d’une finesse extrême sur la forme des feuilles, les spirales dans les coquilles, le vol des oiseaux, les nuages, les éclats de lumière sur l’eau. Ces études ne sont pas seulement descriptives : elles nourrissent aussi ses inventions techniques (machines volantes, systèmes hydrauliques) et son art (les paysages de ses tableaux sont toujours influencés par l’observation directe).
La nature est réellement pour lui une source de savoir et d’inspiration. En cela, il anticipe une écologie avant la lettre, qui ne sépare pas l’homme de son environnement mais les pense dans une interdépendance étroite et subtile.
À travers ses œuvres et ses carnets, (beaucoup de ses œuvres sont inachevées !) Léonard nous laisse ainsi un héritage profondément humaniste, où l’étude de l’homme rejoint celle de la nature dans un même élan de connaissance, de respect et de fascination.
Isabelle Aurerin