Il est au milieu du vivant, il n’en n’est pas le maître. Il est totalement dépendant de ce vivant.
Cela il le sait depuis longtemps. Mais il crut qu’il pouvait totalement le dominer sans conséquences vraiment négatives, le mettre à son service exclusif et l’exploiter pour satisfaire ses besoins toujours croissants sans autres limites que celles de ses capacités technologiques et l’énergie qu’il y mettait. Malgré des prises de conscience très anciennes de cette erreur de positionnement de l’homme dans son monde et des alertes très concrètes depuis au moins un siècle, globalement il continue de penser que la nature est prioritairement à son service et que la science saura résoudre un jour tous les problèmes qu’il a créés de ce fait.
Les droits de l’homme sont en fait des devoirs envers le vivant. Liberté ? Mais on ne vit pas libre dans un environnement dégradé qui n’offre plus les ressources pour maitriser son destin. Egalité ? Mais on n’est pas égaux en droits quand les uns peuvent jouir d’une santé raisonnablement garantie par un environnement sain et les autres pas. Fraternité ? Mais est-on frères quand on pille les richesses naturelles de l’autre, quand on transfert chez l’autre nos activités les plus nocives et les plus destructives du vivant ? Dignité ? Mais quand les conditions sont indignes, jusqu’à quand puis-je en faire preuve ou l’exiger de l’autre ?
Pour être de meilleurs Humains il faut être de meilleurs protecteurs du Vivant. « Homme soyez humains » demandait Jean-Jacques Rousseau il y a 300 ans horrifié et désespéré par les horreurs que les hommes s’infligeaient les uns aux autres. Aujourd’hui, si les guerres, les tyrans et les obscurantismes criminels n’ont pas disparu, ce sont les horreurs que nous infligeons au vivant qui sont et seront les principales causes de souffrances infligées à l’homme au niveau mondial. Et elles le détourneront aussi de son humanité du fait du caractère déshumanisant des conditions quand lesquelles un très grand nombre devra essayer de survivre au lieu de vivre.
Respecter la nature c’est respecter l’homme. Sinon l’homme ne sera qu’une espèce prédatrice bientôt en voie d’extinction. L’humanisme d’aujourd’hui est nécessairement aussi un écologisme, au sens de la compréhension et de la protection de l’écosystème dans lequel l’homme doit déployer son humanité et étendre le souci sa dignité à l’ensemble du vivant.
Patrick Margron