L’humanisme ? Si on ne me le demande pas, je sais. Si on me le demande, je ne le sais plus

C’est ce que Saint-Augustin répondait à la question qu’est-ce que le temps ? « Si on ne me le demande pas, je sais, si on me le demande, je ne le sais plus ». Qu’est-que l’humanisme la question reste ouverte et sans réponse satisfaisante. C’est un problème. Comment revitaliser, développer, déployer quelque chose que l’on ne sait pas définir, ou que l’on ne sait plus définir tant certains mots ont été démonétisés faute d’avoir été sincèrement incarnés ou galvaudés car utilisés à tort et à travers.  

Untel est-il un humaniste ? Là les réponses sont claires et la majorité s’accorde facilement pour dire s’il est un humaniste. Ça se complique quand on demande pourquoi ?  Mais le point commun est que chacun se réfère alors à des actes qui tous à leur façon mettent au centre le souci des autres :  Les comprendre, les rencontrer, les aider, accueillir, reconnaitre, les faire connaitre, protéger, défendre, les soutenir, quels qu’ils soient, en dépit des obstacles, qu’il s’agisse d’écrire, peindre, jouer de la musique, construire des puits, des maisons ou des écoles,  ou de soigner et d’enseigner. On voit là que l’humanisme n’est ni un concept comme l’existentialisme ou le positivisme, ni même une philosophie et encore moins une idéologie. C’est un ensemble d’actions, d’attention, d’intention, d’énergie, de compétences sociales aussi d’une certaine façon. 

Le rapport avec le temps ? Est qualifiée d’humaniste une personne qui agit sur le temps long, avec permanence, persévérance, qui est constante dans ses actions, ses attentions, ses intentions. On n’est pas humaniste le lundi puis c’est fini pour la semaine. C’est aussi la différence avec les « bons sentiments » ceux-là sont généralement frais du jour mais périmés le lendemain. 

L’autre différence avec les bons sentiments, c’est que celui que l’on qualifie d’humaniste fait preuve d’un engagement personnel puissant où ce qui prime n’est pas lui-même mais son souci des autres, parfois au péril de sa personne et à tout le moins au renoncement à certains avantages et à la capacité de prendre des risques sans en attendre un bénéfice personnel. L’humanisme est difficilement séparable du courage.  

Une autre différence avec les bons sentiments c’est que ceux-ci sont souvent aveugles ou myopes, dictés par une émotion immédiate, une pensée dominante, parfois un sentiment où se joue un peu de culpabilité ou une volonté sociale d’exemplarité. L’humaniste cherche la pertinence, l’efficacité de ses actions, de son engagement. Le discernement est difficilement détachable de l’humanisme 

Si on évoque la raison, il est tentant de chercher des réponses dans le célèbre « Qu’est-ce que les Lumières » de Kant, car c’est dans ce mouvement des Lumières que s’est développé l’humanisme. « Hommes soyez Humains ! » demandait Jean-Jacques Rousseau. Et Kant résume lui-même : « La libération de la superstition s’appelle les Lumières ». L’esprit critique, la pensée autonome, le refus de la pensée paresseuse sont des conditions d’efficacité de l’humanisme. 

Mais, au fond, pourquoi vouloir revitaliser et redéployer l’humanisme ? A titre personnel, au fond de nous-même, nous savons quoi et comment faire pour mériter l’appellation d’humaniste. L’objectif c’est qu’advienne enfin une Société humaniste. Et ce serait quoi une Société humaniste ? Une société majoritairement composée d’humanistes ? Une société dirigée par des humanistes ? Je propose une caractérisation, qui peut aussi s’appliquer personnellement : Une société qui, par une discipline librement consentie, place toujours en tête de ses choix les enjeux de la dignité et du développement des personnes humaines, quelles qu’elles soient, et quelques que soient les difficultés.

                                                                                    Patrick MARGRON

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