Renaissance et humanisme, historiquement les 2 termes sont liés. Les artistes italiens du XIVeme siècle ont utilisé le terme de « Renaissance » pour exprimer la remise au grand jour de l’héritage philosophique et artistique grec et latin. Redécouverte qui s’accompagna d’un changement de représentation du monde et redonna à l’homme une individualité universelle qui le sortira de l’état de minorité dans laquelle le maintenaient la religion et le pouvoir. Renaissance car cette culture antique était presque morte et allait pouvoir se déployer à nouveau et prouver sa vitalité et sa pertinence 1500 à 2000 ans plus tard.
Mais en chacun d’entre nous la vie a continué d’agir. Imaginer, conceptualiser une forme de renaissance personnelle est délicat voire piégeux et pourrait conduire à ignorer, sous-estimer ce qui nous avons vécu jusqu’ici, alors que cela fait définitivement partie de nous-même, que nous en ayons conscience ou non, que nous en soyons satisfaits ou non. Faire table rase du passé ou croire en un homme nouveau sont des impasses que l’humanité a déjà empruntées et cher payées.
Pour grandir peut-être commencer par s’alléger. Notre monde actuel nous a posé de très nombreuses injonctions auxquelles le plus souvent nous nous sommes pliés de bonne grâce, au point même de croire que nous en étions les auteurs et qu’elles étaient la manifestation de notre autonomie, de notre puissance. Nous avons donc endossé une longue liste de responsabilités, d’obligations, internalisé de nombreuses contraintes. Jamais peut-être la notion de servitude volontaire – pourtant forgée il y a 450 ans par La Boétie- n’a été si juste que maintenant, et tous les outils sensés nous libérer ne sont que des chaines encore plus puissantes. Nous sommes devenus notre propre tyran. Et si nous commencions à faire le tri et à ne retenir que ce qui nous place au cœur de notre humanité et au contact de celles des autres.
Pour se revitaliser, peut-être commencer par identifier ce qui nous fait nous sentir en vie. La vie c’est du temps – la preuve quand on est mort il n’y a plus de temps, ça s’appelle l’éternité. Quels sont donc les temps, les moments, les circonstances, les contextes dans lesquels nous nous sentons vivre pleinement et où nous ressentons notre vitalité ? Et inversement. Donc commençons par privilégier les premiers, et éviter ou minimiser les seconds.
Nous pouvons aussi aider les autres à en faire de même. S’alléger des responsabilités et obligations sans véritable valeur ajoutée, faire l’économie des moments pénibles sans véritable enjeu, consacrer plus de temps, d’attention, de conscience, d’énergie aux activités qui nous rendent plus humains, plus heureux ; ce cadeau nous pouvons le partager, d’autant que nous ne pouvons sans doute pas nous alléger et nous revitaliser seuls.
Patrick Margron