S’émerveiller, une surprise, une effraction dans notre conscience ? C’est la dimension que lui donnait le philosophe Descartes : « L’émerveillement est une surprise de l’âme », et, dans « Les passions de l’âme », il la nomme la première des Six passions primaires avec la joie et la tristesse, l’amour et la haine, et le désir.
S’émerveiller, c’est aussi une disposition volontaire, une quasi-décision. Difficile de s’émerveiller si l’on maintient l’énergie du cynisme, si l’on nourrit les humeurs noires du ressentiment, si l’on cultive en permanence l’habileté de l’ironie, ou la froideur du détachement.
Cultiver sa capacité à s’émerveiller. Pour s’émerveiller il faut accepter de se laisser envahir par quelque chose qui nous dépasse, qui s’impose en instant et qui ne réclame rien de notre compréhension, de notre intelligence, de notre rationalité. Qui ne demande aucune action, aucune réaction. Mais c’est cela qui va révéler – réveiller- notre humanité, qui va la laisser voir à l’autre, qui va permettre à l’autre de nous monter la sienne. Et, à la veille de Noel, c’est bien cette capacité que nous rappelle alors les jeunes enfants qui sans réserve expriment leurs émerveillements, leur infinie humanité, et touchent alors la nôtre, trop souvent enfouie dans les plis épais des habits complexes de nos rôles sociaux, et qui n’ose s’exprimer en pleine lumière
Patrick Margron